Durabilité & climat

Vous ressentez la chaleur? Voici comment les villes luttent contre les effets de l’îlot de chaleur urbain

Des technologies émergeantes à l’implication du public, les communautés utilisent des méthodes innovantes pour garder nos villes fraîches et sûres.

Publié le 15 Août, 2022 par Ethan Rotberg, Spécialiste principal en communication | Evergreen

uhi_story_planting_day-png

Ce n’est pas pour rien que les Canadiens aiment fuir la ville pendant les mois d’été étouffants.

 

Alors, pourquoi nos villes sont-elles si chaudes? Ça s’appelle l’effet de l’îlot de chaleur urbain (ICU). Les surfaces bâties, telles que les toits, les routes pavées et les espaces de stationnement, absorbent de grandes quantités de chaleur du soleil, ce qui entraîne une augmentation des températures de surface et de l’air. La température moyenne de l’air dans une ville de plus d’un million d’habitants peut être supérieure de 3°C à celle des zones environnantes. Le soir, la différence peut atteindre 12°C.

 

Les températures plus élevées ne sont pas seulement inconfortables — la chaleur extrême représente un risque sérieux pour la santé des Canadiens, selon un rapport de 2020 du gouvernement du Canada, qui souligne que les effets des températures élevées sur la santé se font déjà sentir dans l’ensemble du pays.

 

Alors que plus de 82% des Canadiens vivent actuellement en ville et que ce chiffre ne cesse de croître, les communautés urbaines doivent utiliser des méthodes innovantes pour combattre et atténuer l’effet d’îlot de chaleur urbain. Voici comment elles s’y prennent.

 

Mississauga large buildings

 

Attention des gouvernements locaux

 

Certains des impacts les plus importants peuvent provenir des gouvernements locaux, où les municipalités peuvent utiliser une série d’outils de planification pour mettre en œuvre des actions visant à réduire les îlots de chaleur urbains.

 

Des villes du monde entier ont même désigné des responsables de la lutte contre la chaleur pour aider les communautés à s’adapter aux chaleurs accablantes. À Montréal, le gouvernement du Québec a mis en place des mesures d’incitation financière pour réduire les ICU. Ceci comprend une initiative de mise au vert de l’Est de la ville, une zone identifiée par la ville pour sa forte proportion de résidents à faible revenu et son manque d’espaces verts.

 

Les municipalités régionales comme celle de Peel ont élaboré des plans pour s’assurer que leurs services, leurs opérations et leurs infrastructures soient résilients aux effets des changements climatiques.

 

« À mesure que les températures augmentent et que les quartiers continuent de se réchauffer, le risque d’événements de chaleur accablante plus fréquents ou plus longs augmente », souligne Christine Tu, directrice du Bureau du changement climatique et de la gestion de l’énergie, Services généraux, Région de Peel.

 

Afin d’aider les villes à mieux comprendre les zones les plus exposées aux chaleurs extrêmes, Evergreen a développé IA pour une ville résiliente, un outil de visualisation des données qui permet aux acteurs municipaux de voir quelles zones de la ville sont les plus touchées par les ICU, de comparer ces mêmes données sur des années, des mois et une variété de mesures approfondies et d’utiliser ces informations pour planifier un avenir plus résilient au climat, tout en protégeant les communautés qui sont les plus vulnérables.

 

« L’outil de visualisation des données sur la chaleur urbaine peut éclairer le plan d’intervention de la région qui vise à minimiser le risque de maladies liées à la chaleur, en particulier chez les résidents vulnérables », ajoute Mme Tu.

 

Evergreen Brick Works arial view

 

Utilisation de solutions environnementales et basées sur la nature

 

Bien que les villes ne puissent pas simplement supprimer toute cette infrastructure, il existe un nombre de solutions afin d’atténuer leurs effets d’absorption de chaleur.

 

Les toits et les chaussées couvrent environ 60 % des surfaces urbaines et absorbent plus de 80 % de la lumière du soleil qui entre en contact avec eux, selon le document Outils et ressources pour les îlots de chaleur urbains du gouvernement du Canada.

 

Or, les toits et les chaussées rafraîchis peuvent contribuer à réduire les températures dans les bâtiments, et même dans des villes entières.

 

En 2017, la ville de New York a débuté son programme NYC CoolRoof (lien en anglais) qui propose une formation rémunérée et une expérience professionnelle pour l’installation de toits réfléchissants économes en énergie. En plus de contribuer à endiguer l’ICU, les toits froids peuvent réduire les températures internes des bâtiments jusqu’à 30 %.

 

Cependant, les arbres et la végétation autour des bâtiments et de la chaussée est probablement la stratégie d’atténuation la plus efficace. La forêt urbaine réduit les températures de l’air et des surfaces en offrant de l’ombre et grâce à l’évapotranspiration.

 

Planter des arbres est plus efficace lorsque c’est fait stratégiquement. Dans le cadre du Street Tree Cooling Networks (ou Réseaux de rafraîchissement des arbres de rue) de Vancouver, les chercheurs de l’université Simon Fraser ont élaboré des cartes pour identifier les zones où le nombre de personnes appartenant à des populations vulnérables à la chaleur est élevé et où les actions visant à réduire les ICU, comme la plantation d’arbres, sont les plus nécessaires.

 

Screen shot showing the AI for the Resilient City tool. Urban Heat Island of Peel Region.

 

Déployer les technologies émergeantes

 

Afin de maximiser les avantages des solutions basées sur la nature, les communautés devront faire appel aux technologies émergentes, selon Dre. Nadina Galle, ingénieure écologique et technologue basée au Canada.

 

« Les forêts urbaines et l’écologie jouent un rôle crucial dans la lutte contre les chaleurs extrêmes, mais la nature est complexe », explique-t-elle. « Pour maximiser ses avantages en matière de rafraîchissement, nous devons mieux la comprendre. »

 

Les recherches de Mme. Galle portent notamment sur l’Internet de la nature (IoN)(lien en anglais), un cadre permettant de déployer des technologies émergentes, telles que les capteurs, l’imagerie satellitaire et l’apprentissage machine, afin de protéger et de restaurer la nature urbaine.

 

« Un réseau IoN aidera les urbanistes à développer un système d’intelligence de la nature urbaine qui améliorera la compréhension de la dynamique des écosystèmes urbains. »

 

Mais au-delà de la restauration de la nature urbaine, les nouvelles technologies énergétiques contribuent à atténuer l’excès de chaleur résiduelle des villes très peuplées.

 

Un rapport de l’Institut canadien des urbanistes suggère que la réduction de l’effet UHI « va de pair avec l’efficacité énergétique ». Ce rapport souligne que la technologie thermoélectrique et les systèmes de production combinée de chaleur et d’électricité sont des méthodes qui permettent de transformer la chaleur en une ressource utilisable plutôt que de la rejeter dans l’atmosphère pour réchauffer davantage nos villes.

 

Kids help plant trees on a school ground

 

Encourager la participation du public

 

Le processus de création d’espace ne s’arrête pas aux gouvernements locaux, aux constructeurs ou aux développeurs. L’engagement des communautés à travers l’art public ou des initiatives environnementales non seulement augmente la sensibilisation aux problèmes tels que l’îlot de chaleur urbain, mais créer également des solutions innovantes.

 

C’est la participation du public qui est à l’origine du projet pilote des écoles adaptées aux changement climatiques d’Evergreen à Milton, en Ontario. Les cours d’école revitalisées comprendront des services écologiques, des espaces verts communautaires accessibles et des environnements sains pour le jeu et l’apprentissage. Mais un élément important du projet pilote est la mise en place de mesures d’atténuation du climat pour lutter contre l’effet d’îlot de chaleur urbain.

 

« Le confort thermique a été identifié comme un facteur clé de la conception alors que nous continuions à organiser des discussions sur les solutions à la hausse des températures et l’effet sur l’environnement local », déclare Heidi Campbell, gestionnaire principal de programme à Evergreen.

 

Grâce à un processus de conception participative complet qui a impliqué les élèves, le personnel de l’école, les parents et les membres de la communauté, la cour d’école a été transformée en un paysage qui s’adapte à la chaleur.

 

« Lorsque nous impliquons les communautés dans un exercice de planification co-créative, le partage des connaissances et des expériences apporte un dynamisme à la discussion qui stimule la pensée innovante », ajoute Mme. Campbell. « Ce type de processus crée également un lien avec le lieu et contribue à nourrir un sentiment d’appartenance. La communauté a beaucoup appris les uns des autres au cours de notre processus, ce qui a eu un effet transformateur non seulement sur le paysage, mais aussi sur les habitants de la communauté. »

 

En savoir plus

 

L’IA pour une ville résiliente a été créé avec le soutien initial de IA pour la planète, un pilier de AI for Good, l’engagement de Microsoft à donner du pouvoir à ceux qui travaillent dans le monde entier pour résoudre les problèmes humanitaires et créer un monde plus durable et plus accessible. Le projet a reçu un financement supplémentaire de la Fondation RBC Fondation par l’intermédiaire de RBC Tech for Nature (ou Technologie pour la nature) pour aider à développer ce programme.

 

Découvrez notre nouveau tableau de bord interactif, développé grâce au soutien de la subvention Genesis d’ImpactWX. Vous pouvez voir de plus près comment l’outil IA pour une ville résiliente identifie les impacts de la chaleur extrême et des îlots de chaleur à travers le Canada.

Vous avez aimé cette histoire?

Inscrivez-vous à l’infolettre d’Evergreen pour recevoir, une fois par trimestre, toutes nos histoires en français, nos prochains évènemets et des ressources utiles directement dans votre boîte de reception.