Art & culture

En conversation avec Quinn Hopkins: une nouvelle façon de partager les histoires

Stellar Narratives: An Urban Indigenous Odyssey (ou Récits stellaires : Une odyssée autochtone urbaine) utilise la technologie pour combler le fossé entre les histoires du ciel nocturne des Anishinaabe et la ville.

Publié le Avril 6, 2025 par Alexis Nanibush-Pamajewong, Coordinatrice, Programmation d’art public autochtones | Evergreen

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Même au milieu de l’agitation des rues de la ville, se battant contre la pollution lumineuse, les étoiles au-dessus de nous racontent des histoires.

 

L’œuvre de Quinn Hopkins Stellar Narratives: An Urban Indigenous Odyssey (lien en anglais) donne vie aux histoires des Anishinaabe, aux constellations et aux cycles de la lune dans une fusion d’art mural vibrant et de réalité augmentée à Evergreen Brick Works.

 

Outre la nouvelle excitante que Stellar Narratives restera exposé au Brick Works, M. Hopkins nous partage un aperçu du processus de création du projet et quelques photos des coulisses avec la conservatrice Alexis Nanibush-Pamajewong.

 

Peintures murale Stellar Narrative par Quinn Hopkins à Evergreen BRick Works

Crédit photo : Ibrahim Abusitta

 

Alexis Nanibush-Pamajewong: Qu’est-ce que Stellar Narratives et qu’est-ce que ce projet a signifié pour vous?

 

Quinn Hopkins: Ce projet est une fusion de technologie, de culture et de personnes; qui évolue avec le temps, comparable à nos histoires Anishinaabe. Nous racontons des histoires de prophéties, de feux sacrés, de fléaux, de famine, de prospérité et de résilience. Ces histoires viennent de la terre et du ciel, tout comme nous. Je voulais créer un lien ici, à Evergreen Brick Works, qui rassemble le ciel nocturne et la terre grâce à la technologie. Deux peintures murales de 64 pieds carrés sont complétées par l’interactivité d’une application web interactive de réalité étendue, qui permet aux spectateurs d’explorer les constellations et les lunes des Anishinaabe pendant les différentes périodes de l’année.

 

En tant que personne autochtone métissée et urbaine, j’ai trouvé du réconfort dans les histoires et un intérêt au sujet des étoiles, en raison de la capacité de la ville à séparer les gens de la terre et du ciel. Ce projet m’a permis d’inspirer les gens à regarder en l’air avec curiosité. De nombreuses cultures regardent les mêmes étoiles que nous et créent des histoires sur les personnes et la terre. Ce projet me permet de partager quelques-unes des figures que les Anishinaabe voient dans le ciel nocturne de sorte que même en ville, où les étoiles sont estompées, les gens puissent admirer les étoiles et faire l’expérience de la joie de reconnaitre les constellations.

 

ANP: Pouvez-vous expliquer comment l’intégration de la réalité étendue dans votre travail enrichie l’expérience narrative des spectateur(-trice)s?

 

QH: La réalité étendue est une superposition intelligente d’images de synthèse sur l’appareil photo de votre appareil. Ces images de synthèse ciblent les peintures murales et créent un effet 3D interactif. Les images immobiles des peintures murales sont activées et vivent dans l’espace digital entre le/la spectateur(-trice) et l’art. Alors que les spectateur(-trice)s interagissent avec la réalité étendue, ils peuvent explorer le ciel nocturne pendant les différentes périodes de l’année; utiliser cette nouvelle dimension numérique pour entrer dans les étoiles et utiliser leur curiosité pour comprendre ce cycle annuel. L’intégration de la réalité étendue dans mon travail a toujours eu pour objectif de faire ressortir l’invisible et de partager une perspective différente. Ce que j’aime avec la réalité étendue est que ça demande aux spectateur(-trice)s de donner toute leur attention à l’œuvre et de participer à l’expérience. Tout comme dans les traditions de narration orale, l’expérience demande aux spectateur(-trice)s de participer activement en écoutant.

 

Quinn Hopins en train une des murale de Stellar Narrative

 

ANP: Stellar signifie lié aux étoiles; pouvez-vous nous parler de votre lien avec les étoiles et de votre recherche pour ce projet?

 

QH: Oui, j’ai toujours été un inconditionnel de science-fiction et un fervent observateur des étoiles. Les deux sont différentes facettes de ma personnalité. Ayant grandi dans le Grand Toronto tout en passant une grande partie de l’année dans les zones rurales du nord de l’Ontario, j’ai été très sensible aux effets de la pollution lumineuse et au brouillard de pollution. J’ai l’impression que le béton sous mes pieds a été une autre manière de nous déconnecter de la terre. Je me souviens que ma grand-mère m’emmenait à Batchewana quand j’étais petit garçon. Nous allions visiter les pictogrammes du canyon Agawa, et c’est là que j’ai eu mon premier enseignement des étoiles. J’ai demandé à ma grand-mère, qu’est-ce que c’est? En pointant une peinture ressemblant à un chat sur le rocher. Elle n’était pas certaine, mais elle connaissait le nom, Mishi Bizhoo, le Grand lynx. Un homme âgé nous a entendu et avec un fort accent du nord, il a dit :

 

« Faites attention à prononcer ces mots ici. Le Grand Lynx vit dans les profondeurs du lac Supérieur et, lorsqu’il est en colère, les eaux deviennent très agitées. Au printemps, il est au-dessus de nous dans le ciel, et nous ne prononçons pas son nom à ce moment-là, car c’est alors que l’eau est la plus dangereuse. »

 

Il parlait de ce que les occidentaux appellent la constellation du Lion. Pour ce projet, j’ai trouvé de nombreux livres et articles de blogues bien documentés de personnes Ojibwe et de chercheurs au sujet des étoiles et des constellations, ensuite je suis allé vers mes pairs et gardiens du savoir, Aylan Couchie et Nyle Miigizi Johnston. J’ai appris au sujet des constellations Gaa-Biboonikaan, Naniboozhoo et Mooz. Ces constellations nous parlent des changements de saisons, le moment où il faut aller à l’érablière, cueillir les baies, récolter les Mooz et raconter des histoires.

 

ANP: Vous avez peint des murales dans le passé. En quoi ce projet ressemblait-il aux précédents? Ou en quoi a-t-il été différent?

 

QH: Pour ce projet, j’ai d’abord élaboré le concept de la réalité étendue, puis j’ai dû explorer l’image cible pour les peintures murales. Mon processus a changé parce que je ne voulais pas utiliser de peintures en aérosol dans le bâtiment patrimonial du Brick Works. L’espace était également utilisé comme salle de classe polyvalente et je ne voulais pas que les peintures émettent des gaz nocifs. Les peintures métalliques étaient plus difficiles à travailler que je ne l’avais imaginé, mais avec un peu d’expérimentation et d’allégresse, j’ai créé ces deux pièces.

 

Quinn Hopkins prépare ces peintures dans son studio

 

ANP: Quels ont été vos moments ou aspects préférés lors du processus de création de ce projet? Y a-t-il des domaines ou des idées que vous aimeriez explorer davantage à l’avenir?

 

QH: J’ai vraiment adoré la création de la réalité étendue interactive. J’ai beaucoup plus d’idées à explorer pour créer plus d’expériences immersives et approfondir la narration. Ce travail a fait naître en moi une passion pour la création d’art interactif que je souhaite explorer au-delà de la réalité étendue.

 

En savoir plus

L’Art public à Evergreen est vraiment honoré de travailler avec Quinn Hopkins sur ce projet incroyable, et nous sommes ravis de partager que Stellar Narratives continuera à briller dans les jardins Koerner au-delà de juin 2025.(liens en anglais) Vous pouvez faire l’expérience de cette œuvre captivante tous les lundi et mardi de 9h à 17h. Nous vous invitons à vous immerger dans la réalité augmentée, à découvrir les enseignements de la culture anishinaabe, à écouter l’essai et à passer du temps à établir un contact avec le monde du ciel.

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